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Même haine, nouvelles cibles : les discours réactionnaires se recyclent contre les personnes trans

by Anthea Mariani
28 juillet 2025
in Société
Ron DeSantis partage la même obsession qu'Anita Bryant, 50 ans après !

Ron DeSantis partage la même obsession qu'Anita Bryant, 50 ans après !

Depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui, les arguments utilisés pour stigmatiser les minorités ethniques, sexuelles ou de genre se ressemblent étrangement. Ce qui était autrefois dit des personnes homosexuelles ou racisées est désormais appliqué aux personnes transgenres. À chaque époque, la société semble recycler les mêmes peurs et les mêmes discours réactionnaires pour cibler une minorité différente, souvent sous couvert de “protéger les enfants”, de “défendre la nature” ou encore de “préserver les femmes”.

Dans cet article, nous retraçons les parallèles entre les discours réactionnaires d’hier et ceux d’aujourd’hui, afin de mieux comprendre comment la haine se déplace d’une minorité à l’autre.

L’argument de la menace dans les toilettes 

Les années 1960 : « On ne va quand même pas partager nos toilettes avec des Noir·es »
Les années 2020 : « Les femmes ne vont quand même pas partager leurs toilettes avec des trans »

À l’époque de la Ségrégation raciale et des lois Jim Crows aux États-Unis, qui perdurèrent jusqu’en 1964, l’opinion publique blanche n’aurait jamais imaginé quelque chose qui nous semble pourtant si banal aujourd’hui : partager les toilettes avec des personnes de couleur. 

Aujourd’hui, c’est le droit des femmes trans à utiliser les mêmes toilettes que les femmes cis qui est au coeur du débat…

Photo : Bob Adelman
Photo : Associated Press

« Si nous étions assis ici il y a cinquante ou soixante ans, au lieu de débattre du droit des femmes trans à se rendre dans les toilettes des femmes, nous serions en train de débattre de celui des femmes noires à utiliser les toilettes des femmes blanches. N’êtes-vous jamais fatigué·es de vous tenir du mauvais côté de l’Histoire ? » a-t-on pu entendre au Sénat du Texas pendant le débat concernant le projet de loi 229. 

Ce projet de loi transphobe et intersexiste, adopté fin mai 2025, vise à définir les individus par leur sexe attribué à la naissance et nier toute autre expression de genre dans l’État du Texas.

L’argument de la protection de l’enfance

Les années 1970 : « Les homosexuels embrigadent enfants »
Les années 2020 : « Les personnes trans embrigadent les enfants »

L’idée selon laquelle les personnes homosexuelles cherchent à « convertir » les plus jeunes à l’homosexualité n’est pas nouvelle. Dans les années 1970, la chanteuse Anita Bryant était l’une des figure majeure du mouvement « Save Our Children » dont l’une des mesures fut notamment une loi visant à interdire aux homosexuel·les d’être professeur·es dans certains États d’Amérique. Ce genre de rhétorique se basant sur l’idée de la contagion et du prosélytisme queer est aussi à l’origine du mythe du « lobby LGBT+ ».

Aujourd’hui, ce sont les personnes transgenres mais aussi les performeur·euses drag que l’on accuse de faire du « brainwashing », voire d’être des prédateur·ices pour les enfants.

Anita Bryant, 1977 (Associated Press)
Ron DeSantis, avant de signer une loi interdisant d’évoquer les sujets LGBTQ+, 2022 (DeStantis Facebook)

L’argument de la fin du genre naturel

Les années 2010 : « Il va bientôt être interdit de parler de père et mère »
Les années 2020 : « On ne pourra bientôt plus dire homme ou femme »

Dans son discours à l’Assemblée Nationale au cours du débat sur le mariage pour tous·tes, l’élu UMP Charles de Courson citait allègrement la dystopie 1984 de George Orwell  : « il va bientôt être interdit de parler de père et mère ». Cette fameuse phrase anticipait les cases à cocher dans les papiers administratifs qui sont devenues « parent 1 / parent 2 » au lieu de « père / mère ». A-t-on cessé d’appeler maman une mère ou papa un père ? Non plus. Ça a simplement facilité la représentation d’une parentalité ouverte à tous·tes. 

De même, la simple possibilité de cocher une autre case qu’homme ou femme en remplissant un formulaire n’a jamais empêché les hommes et les femmes cisgenres de continuer d’exister.  

L’argument de l’avantage biologique dans le sport

Les années 1940 : « Les personnes noires ont un avantage biologique sur les Blanc·hes dans le sport »
Les années 2020 : « Les femmes trans ont un avantage biologique sur les femmes cis dans le sport »

Dans son ouvrage Championship Techniques in Track and Field: A Book for Athletes, Coaches, and Spectator, paru en 1941,  le coach d’athlétisme à l’université de Californie du Sud, Dean Cromwell, écrit que l’athlète noir excelle car il est « plus proche de l’homme primitif » que l’homme blanc. Ce genre de pensée profondément raciste rejoint également une conception essentialiste et déterministe des corps humains qui participa par ailleurs à d’autres clichés concernant notamment les moindres capacités sportives des femmes. 

Depuis le début des années 2000, on observe une véritable amélioration de la parité et de la diversité au sein des pratiques sportives. Les essais passéistes comme celui de Dean Cromwell semblent bien loins… et pourtant ! En 2024, à l’intersection du biais raciste, misogyne et transphobe, une polémique concernant l’identité de genre de la boxeuse Imane Khelif éclate après sa victoire face à l’Italienne Angela Carini aux JOs de Paris. La jeune femme est « accusée » d’être une femme trans et de jouer d’un prétendu avantage biologique masculin tout en jouant dans la catégorie féminine. 

Mel Patton, avec l’entraîneur olympique Dean Cromwell, 1948 (photo : Wikipédia)
Imane Khelif, 2025, (photo : Instagram @imane_khelif_10)

L’argument de la nature

Les années 1940 – Les années 2010 : « L’homosexualité est contre-nature »
Les années 2020 : « La transidentité est contre-nature »

Depuis des décennies, les discours réactionnaires invoquent la « nature » pour justifier l’exclusion. Sous le régime de Vichy, un amendement de 1942 punit « un ou plusieurs actes contre-nature avec un mineur de son sexe âgé de moins de 21 ans ». Derrière cette loi homophobe, l’objectif est clair : criminaliser les relations homosexuelles. Il faudra attendre 1982 pour que l’homosexualité soit entièrement dépénalisée en France.

Mais l’argument naturaliste ne disparaît pas en France : en 2012, la séquence culte du « C’est contre nature-han » dans Le Petit Journal, témoigne pourtant d’une réalité encore bien ancrée dans l’époque.

Ce discours « naturaliste » est toujours mobilisé aujourd’hui contre les personnes trans, par exemple, en 2025, lors d’un discours devant le Congrès américain, Donald Trump déclare : « Il n’y a que deux genres : homme et femme. » Cette phrase, en apparence simple, vise à délégitimer toute réalité de la diversité de genre, au nom d’une pseudo « vérité biologique » fantasmée qui serait inscrite dans la nature.

L’argument de la minorité qui doit être invisible

« Je n’ai rien contre les homosexuels, mais ils n’ont pas besoin de s’afficher »
« Je n’ai rien contre les trans mais qu’ils restent discrets »

Phrase que l’on entend encore beaucoup aujourd’hui et ce depuis des décennies, l’idée de devoir être discret·e afin d’être toléré·e renvoie à un rapport de domination de la part de la majorité sur les minorités. Estimer qu’une personne devrait être discrète pour être tolérée si elle ne correspond pas à certains critères, c’est tout bonnement de la discrimination, pas une opinion. 

Un exemple concret réside dans le stéréotype entourant les minorités asiatiques qui sont considérées comme des « minorités modèles » par les Occidentaux. Dès lors, le mythe de la minorité sage entretient son pendant : la minorité dangereuse, qui correspond à toute minorité qui refuse de se conformer au système blanc patriarcal et hétéro-normatif. 

Force est de constater que les temps changent mais pas la rhétorique d’oppression des minorités. Un glissement s’est opéré entre une minorité dont l’oppression est jugée socialement acceptable aujourd’hui vers une autre minorité.

Par exemple, depuis que le mariage pour tous·tes a été adopté en France, que les représentations se sont améliorées et multipliées dans l’espace public, c’est en quelques sortes moins « à la mode » d’assumer son homophobie ouvertement. En conséquence, l’homophobie n’étant plus tolérée dans le débat public, la fenêtre de tir s’est déplacée vers une autre minorité : les personnes transgenres.

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Tags: transphobie
Anthea Mariani

Anthea Mariani

Journaliste généraliste avec pour sujets de prédilection la culture, les contre-cultures, les cultures minoritaires, la sexualité, le féminisme et l'Histoire, Anthéa Mariani est également autrice du Chien Noir aux éditions du Lys Bleu et chroniqueuse de bandes dessinées pour Actua BD.

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