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Grindr interdit la mention « pas de sionistes » dans les profils des utilisateur·ices

by Loris Jecko
6 août 2025
in Société
Grindr interdit la mention « pas de sionistes » dans les profils des utilisateur·ices

© Pexels

Alors que la population de Gaza vit une situation critique, Grindr a fait un choix lourd de sens : bannir l’expression « no zionists » (pas de sionistes) des profils, tout en continuant à tolérer des mentions discriminantes (racisme, grossophobie, transphobie, agisme, validisme, sérophobie,…). Un paradoxe qui met en lumière les contradictions de l’application en matière de lutte contre la haine en ligne.

Interdire la discrimination envers les sionistes

L’application Grindr se revendique comme étant la plus grande plateforme pour les personnes gay, bi, trans et queer. Fin juillet, plusieurs utilisateur·ices constatent que la mention « no zionists » est devenue interdite : un message d’erreur apparaît quand on rédige cette phrase dans son profil. 

L’expression est souvent détournée, voire utilisée à mauvais escient, mais d’où vient le terme sioniste ? Si l’on plonge dans l’Histoire, le sionisme est d’abord un mouvement apparu à la fin du XIXème siècle visant l’autodétermination politique du peuple juif et la création d’un État souverain pour l’accueillir. Il gagne en popularité en raison de persécutions répétées des populations juives, et devient un élément incontournable de la vie politique depuis la création d’Israël en 1948. À l’époque, des intellectuel·les et militant·es alertent déjà sur les conséquences du mouvement pour l’ensemble des juif·ves. James Baldwin, homme queer racisé, dénonce la gestion colonialiste de la Palestine et l’existence de « sionistes qui sont tout à fait antisémites ». « L’État d’Israël n’a pas été créé pour le salut des Juifs, il a été créé pour le salut des intérêts occidentaux », précise-t-il. 

Aujourd’hui, le mot sioniste fait exclusivement référence aux personnes qui soutiennent Israël. Attention à ne pas tomber dans un amalgame qui consiste à croire qu’être juif est synonyme de soutenir Israël ou d’être sioniste, bien que les confusions soient renforcées par le gouvernement israélien. En présentant le sionisme comme une partie intégrante et indissociable de l’identité juive, Israël peut affirmer que la critique de sa politique est une forme d’antisémitisme. Pour autant, toutes les personnes juives ne soutiennent pas Israël ni le mouvement sioniste.

Depuis quelques années, des juifs queer racontent avoir subi des discriminations sur l’application Grindr en raison de leur religion, selon un article du média Forward. Ce qui pourrait expliquer la décision de l’application de rencontre. 

L’ambiguïté des règles de modération de Grindr

Le « guide de conduite » de Grindr mentionne qu’il est interdit d’inclure du contenu qui peut être offensant envers la dignité humaine, « y compris, par exemple, des propos pouvant être considérés comme discriminatoires à l’égard de la race, de la couleur de peau, de l’origine ethnique, de la nationalité, du handicap, de l’orientation sexuelle, de l’expression de genre, de l’identité de genre ou de l’apparence physique d’une personne ». 

Pourtant, l’ajout de cette nouvelle règle n’a pas été reçu positivement par les utilisateur·ices de l’application. Pourquoi interdire la mention de sionisme mais ne pas profiter de cette mise à jour pour bannir toutes les phrases discriminatoires des profils ? 

Dans son enquête, le média 404 affirme avoir pu ajouter d’autres mentions problématiques dans son profil malgré l’interdiction du « no zionist », telles que « no blacks », « no palestinians », « no muslims », « no jews », « no trans » (pas de personnes noires, pas de palestinien·nes, pas de musulmans, pas de juif·ves, pas de trans). 

En 2020, pendant les manifestations autour de Black Lives Matter, Grindr annonce sa volonté de retirer le filtre ethnique. Il permet aux utilisateur·ices premium de filtrer les profils selon leur origine ethnique déclarée, un procédé raciste et discriminatoire qui avait fait réagir les internautes. Après plusieurs semaines et maintes mises à jour, le filtre est toujours disponible, il faut que les militant·es insistent pour qu’il soit finalement retiré.. 

Grindr, discrimination et « rétropédalage »

Grindr est donc un habitué des rétropédalages, et cette fois-ci n’échappe pas à la règle : il est de nouveau possible d’ajouter la mention « pas de sionistes » dans son profil. La rédaction a fait le test pour vous :  en France, cette mention est également autorisée sans aucun message d’erreur, tout comme les phrases discriminantes.  

Interrogé par Queerty, un porte-parole de l’application explique ce choix : « cette politique (interdisant le « no zionists ») a été mise en place suite aux signalements d’utilisateurs concernant son caractère incendiaire. Nous examinons régulièrement nos politiques de modération et avons récemment décidé d’annuler celle-ci après examen ».

Bien que les motivations de Grindr soient incertaines, l’autorisation de propos discriminatoires sur les profils de ses utilisateur·ices est clairement problématique. Certain·es internautes considèrent même que Grindr privilégie la protection des idéologies à la protection des personnes, et plus particulièrement les minorités. L’entreprise a pourtant annoncé à plusieurs reprises vouloir lutter contre ces discriminations. Mais ses promesses tardent à se concrétiser et l’application fait souvent marche arrière, ce qui pousse à s’interroger sur ses véritables objectifs en matière de modération.

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Tags: gaygrindrpolitiquerencontres
Loris Jecko

Loris Jecko

Étudiant en Master de journalisme et membre engagé de la cause queer, Loris Jecko a l'habitude de rédiger des articles pour des médias numériques. Bénévole chez Game'Her et pigiste, le journaliste s'intéresse à la culture, l'écologie, les jeux vidéo et le féminisme. Son objectif : transmettre les informations au plus grand nombre et donner de la visibilité aux minorités.

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