Vous avez envie de regarder un film LGBT+, mais vous n’avez pas d’idées ? Dites-nous simplement dans quel état d’esprit vous êtes en ce moment et nous nous chargeons du reste.
Si vous souhaitez passer la soirée en famille : «Deux» de Filippo Meneghetti (2020)
Madeleine (Martine Chevallier) et Nina (Barbara Sukowa) sont deux voisines de pallier. Du moins, aux yeux de toutes et tous. En réalité, cela fait un long moment que les deux femmes cultivent leur amour en secret. Si Nina vit seule, Madeleine, elle, appréhende d’annoncer à sa fille et à son fils qu’elle a rencontré quelqu’un depuis le décès de leur père, et en plus qu’il s’agit d’une femme. Seulement, Madeleine ne peut plus reculer : Nina et elle veulent vendre leurs appartements pour aller s’installer ensemble à Rome. Vient alors un évènement imprévu qui bouleverse complètement leurs plans : Madeleine est victime d’un AVC, ce qui lui fait perdre sa mobilité et sa capacité à parler.
Récompensé du César du «meilleur premier film» en 2021, ce drame a, tout d’abord, le mérite de rappeler, en mettant en scène un couple lesbien septuagénaire, que ce n’est pas parce que les couples LGBT+ âgés se font rares dans les représentations médiatiques et culturelles qu’ils n’existent pas et que lutter contre leur invisibilisation contribuera également à la banalisation de l’homosexualité.
Cela n’empêche pas ce film LGBT+ de poser également des questions qui résonneront forcément d’une manière ou d’une autre en chacune et chacun d’entre nous : par exemple, comment un couple peut-il traverser l’épreuve de la maladie ? Plus largement, comment soutenir un proche à la santé fragile ? Que faire lorsque les enfants d’une des personnes du couple ont du mal à accepter la nouvelle relation de leur parent ? Est-ce un mal de chercher à connaître de nouveau l’amour lorsque l’on est une personne veuve ?
Une histoire d’amour bouleversante qui parlera autant aux ados qu’aux parents et saura sans nul doute les réunir devant leur écran.
Si vous êtes un ou une grande romantique dans l’âme : «Portrait de la jeune fille en feu» de Céline Sciamma (2019)
Nous sommes sur une île bretonne reculée à la fin du XVIIIème siècle. Héloïse (Adèle Haenel) se voit imposer pour quelques jours par sa mère, comtesse, en déplacement, une dame de compagnie, Marianne (Noémie Merlant). En réalité, la jeune femme, peintre, s’est vue confier une tout autre mission : réaliser un portrait d’Héloïse qui sera expédié à son futur époux avec lequel la comtesse a arrangé le mariage. Héloïse refusant de se marier, et donc de poser pour un portrait, Marianne n’a d’autres choix que de mémoriser les traits d’Héloïse lors de leurs balades quotidiennes sur l’île pour pouvoir les reproduire en cachette sur une toile une fois rentrées. Mais très vite, les deux femmes vont nouer une relation qui va dépasser les cadres officiels et officieux qui avaient été fixés…
Neuf fois nommé aux César en 2020, mais également dans la catégorie «meilleur film en langue étrangère» aux BAFTA et aux Golden Globes la même année, cette romance lesbienne est fascinante par sa capacité, à travers tous les non-dits dans les nombreux silences et de simples regards des deux actrices principales, à nous embarquer et nous faire ressentir toute l’intensité de cet amour naissant, une parenthèse condamnée d’avance mais qui mérite d’être vécue et marque une vie.
L’esthétique du film, dont chaque scène pourrait faire penser à une toile de peintre, participe également grandement à la séduction que celui-ci cherche à opérer sur nous, tout en rendant, au passage, un bel hommage à la peinture, importante dans ce film LGBT+ même si c’est l’amour qui est au cœur.
A présent, si vous souhaitez découvrir à quoi ressemble le fameux «portrait de la jeune fille en feu», vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Si vous avez besoin de vous donner du courage : «Si tu savais…» d’Alice Wu (2020)
Intelligente mais timide, Ellie (Leah Lewis), dix-sept ans, se retrouve souvent seule au lycée et a pris l’habitude de faire les devoirs de camarades de classe à leur place en échange d’argent. Jusqu’au jour où Paul (Daniel Diemer) vient la voir avec une demande particulière : accepter d’écrire pour lui des lettres d’amour pour séduire une jeune fille de leur lycée, Aster (Alexxis Lemire). Non seulement Ellie ne s’attendait pas, en acceptant, à tisser des liens avec ce jeune homme en apparence bien différent d’elle, mais aussi de finir par tomber amoureuse de la même fille que lui.
Décrite comme une relecture moderne de «Cyrano de Bergerac» d’Edmond Rostand (1897), cette comédie romantique américaine est surtout plaisante pour sa capacité à traiter de coming-out sans en parler. En effet, ce n’est pas la découverte de l’orientation sexuelle d’Ellie qui est au cœur de l’intrigue du film, mais sa découverte du sentiment amoureux. De même, aucun personnage ne fait ne serait-ce qu’une allusion à l’homosexualité de la jeune femme, qu’elle ne vient jamais non plus officialiser par un coming-out. A comprendre : quel que soit l’orientation sexuelle d’une personne, c’est un non-sujet, l’enjeu se situe ailleurs. En d’autres termes, le coming-out est bel et bien représenté dans ce film queer, mais comme inexistant, car perçu comme une démarche aussi absurde et inutile que pourrait l’être dans notre société une personne hétérosexuelle qui viendrait faire son coming-out pour informer ses proches de son orientation sexuelle. Oui, nous ne vivons pas dans le monde des Bisounours, il n’empêche que cela fait du bien de le voir et de le souhaiter.
Si vous souhaitez vous instruire sur les années Sida : «120 battements par minute» de Robin Campillo (2017)
Paris, début des années 1990. Alors que l’épidémie de sida se propage dans le monde depuis près de dix ans, les militantes et militants d’Act Up-Paris s’activent et multiplient les actions pour sensibiliser l’opinion publique à ce sujet et faire sortir ce dernier de l’indifférence générale. Nouveau venu dans l’association, Nathan (Arnaud Valois) y rencontre Sean (Nahuel Pérez Biscayart), un jeune homme qui l’impressionne et le séduit par son engagement et sa radicalité alors que la maladie le consume petit à petit.
Six fois récompensé aux César en 2018 (notamment dans la catégorie «meilleur film»), «120 battements par minute» fait incontestablement partie des films qui ont marqué les esprits ces dernières années. D’une part pour le récit poignant proposé de destins bouleversés ou brisés par le VIH, dont la colère, le courage, ou bien la résilience sont portés formidablement bien par les acteurs et actrices du film. D’autre part parce que ce film agit comme une véritable piqûre de rappel au sujet de l’existence de cette épidémie, mais aussi comme une prévention vis-à-vis des maladies sexuellement transmissibles.
Soulignons également la dimension instructive du film, qui nous permet de (re)découvrir l’histoire d’Act Up-Paris, une association créée en 1989 dont beaucoup ont oublié l’existence mais dont l’activité a été essentielle dans les années 1990 et dont ce film LGBT+ rend largement compte.
Pour plus d’informations sur la lutte contre le VIH/SIDA :
Si vous traversez une période de doutes : «Anne+» de Valérie Bisscheroux (2021)
A Amsterdam, Anne (Hanna van Vliet), la vingtaine, a tout d’une jeune femme épanouie : elle est non seulement sur le point de publier son premier roman, mais aussi d’entamer une nouvelle page de sa vie en emménageant avec sa compagne Sara (Jouman Fattal) au Canada. Mais il suffit de quelques semaines, le temps de terminer son roman avant de rejoindre cette dernière, pour qu’Anne se mette tout à coup à douter : ressent-elle simplement de la mélancolie, un sentiment légitime à l’aube d’un changement de vie ? Ou bien se voile-t-elle la face et déménage-t-elle pour les mauvaises raisons, à savoir par sacrifice pour suivre sa compagne qui a eu une promotion plus que par envie personnelle ? S’en suit une véritable crise existentielle : que veut-elle au fond ? Sa rencontre avec Lou (Thorn de Vies), drag king non-binaire qui lui fait découvrir une autre perception de la vie, du genre, de l’amour et de la sexualité, risque de la déstabiliser encore plus. Pour le meilleur ?
Adapté d’une web-série néerlandaise diffusée depuis 2018, ce film LGBT largement méconnu vaut pourtant le détour. En effet, celui-ci est une véritable ode à l’identité queer. Le couple d’Anne est, par exemple, traité comme n’importe quel couple hétéro, avec ses hauts et ses bas, sans que l’intrigue ne tourne autour de l’homosexualité d’Anne. De même, un corps présenté comme transgenre (du moins assigné femme à la naissance) est, chose rare, montré ouvertement à l’image, sans fausse pudeur. Enfin, une représentation de personne non-binaire et de drag king, également rares sur nos écrans, est aussi proposée. En d’autres termes, après avoir vu ce film qui remotive et redonne espoir, il y a des chances pour que vous ne voulez plus vous contenter de voir la vie en rose mais demandez à la voir en rose queer (enfin, plutôt dans une autre couleur du coup).
Si vous désirez retomber en enfance : «Tomboy» de Céline Sciamma (2011)
Au cours d’un été, Laure (Zoé Héran), dix ans, s’installe avec ses parents et sa petite sœur Jeanne (Malonn Lévana) dans une nouvelle ville. Laure, qui remarque que les enfants de son immeuble jouent ensemble, manifeste rapidement l’envie de s’intégrer au groupe. Elle rencontre ainsi Lisa (Jeanne Disson), à qui elle dit s’appeler… Michaël. Ayant tout d’un «garçon manqué», Lisa n’y voit que du feu, tout comme le reste du groupe d’enfants. Pendant tout l’été, Laure/Michaël profite donc de cette occasion pour explorer cette identité différente de celle qui lui a été assignée depuis sa naissance mais dans laquelle Laure/Michaël s’épanouit. Mais jusqu’à où cela peut-il aller ? Et combien de temps son mensonge peut-il durer ?
Pédagogique, Céline Sciamma nous fait, tout d’abord, prendre conscience, en préférant l’équivalent anglais du mot pour le titre de son film, de toute la violence symbolique de l’expression «garçon manqué» : qui a envie de se voir qualifier d’enfant raté/e ? Nous n’entendons, de plus, jamais d’un enfant qu’il est une «fille manquée», alors pourquoi continuer d’employer une expression qui perpétue l’idée partagée autrefois qu’il serait préférable d’avoir un garçon plutôt qu’une fille ?
Au-delà de cela, Céline Sciamma met surtout en évidence, par son film LGBT+, qu’être un homme ou une femme n’a pas grand-chose d’inné : en effet, en imitant le look et le comportement des garçons du groupe, en clair ce qui est attendu d’un homme dans nos sociétés, Laure/Michaël parvient sans problèmes à être considéré comme un garçon comme les autres par tous les enfants de l’immeuble. Et si finalement, plutôt que de crier à la panique morale en voyant des enfants et adolescent/e/s transgenres, nous faisions confiance à l’intelligence des enfants en les laissant, comme pour de nombreuses autres choses, libre de questionner, d’expérimenter et de mûrir leur genre, mais aussi de respecter leurs préférences personnelles, quelles qu’elles soient, tant que l’enfant se retrouve et s’épanouit dans cette identité ?
Si vous ressentez le besoin de vacances : «Call me by your name» de Luca Guadagnino (2018)
Nous sommes au nord de l’Italie, durant l’été 1983. Elio (Timothée Chalamet), dix-sept ans, profite de ses vacances dans la villa familiale en passant ses journées à lire, composer de la musique, faire du vélo, se baigner dans la rivière, ou encore sortir avec ses ami/e/s. Jusqu’au jour où débarque Oliver (Armie Hammer), un doctorant américain de vingt-quatre ans venu pour accompagner dans ses recherches le père d’Elio, un brillant spécialiste de la culture gréco-romaine, et que ses parents vont héberger pendant six semaines. Les deux hommes vont alors nouer une relation ambivalente, avant de se tourner autour, à une époque où l’homosexualité est encore taboue dans le pays…
De cette romance récompensée de l’Oscar de la meilleure adaptation en 2018, mais également nommée à plusieurs reprises aux BAFTA et aux Golden Globes la même année, rendons simplement hommage à Timothée Chalamet, connu du grand public grâce à ce film et sur lequel repose grandement ce dernier, dont la performance de jeune homme bousculé dans son quotidien par un amour de vacances au goût de premier amour, de jeune homme à la fois érudit, mature mais assez candide dès lors qu’il s’agit d’amour, est bluffante.
Si vous avez envie de découvrir un témoignage bouleversant : «Boy erased» de Joel Edgerton (2018)
Jared (Lucas Hedges), dix-neuf ans, prend son courage à deux mains et décide de faire son coming-out gay à ses parents (Russell Crowe et Nicole Kidman). Leur réaction est pire que ce qu’il craignait: son père, pasteur et gérant d’un concessionnaire automobile, lui fait comprendre que s’il ne désire pas changer, il ne pourra pas rester plus longtemps sous le même toit qu’eux, ni espérer reprendre l’entreprise familiale. Craignant de tout perdre, il se résout donc à accepter la proposition de son père : entreprendre une thérapie de conversion, présentée comme la solution pour le «ramener sur le droit chemin» et «guérir» son homosexualité.
Un film dur mais nécessaire à voir pour prendre conscience de certains aspects de la torture mentale, et souvent également physique, infligées à des jeunes au seul motif que d’autres jugent leur orientation sexuelle immorale. Il est notamment intéressant de constater que le fonctionnement de ces prétendues thérapies rappelle celui d’une secte. Les responsables de celles-ci font, par exemple, tout pour isoler les personnes de leur famille en les accusant d’être à l’origine de leurs «péchés». De cette manière, les personnes sont plus simples à manipuler, un maximum d’argent peut leur être soutiré en les faisant rester plus longtemps avec eux, et l’opacité et la discrétion du fonctionnement des thérapies ne risquent pas d’être mises à mal. Ce film américain est d’autant plus dur à regarder lorsqu’on apprend qu’il est inspiré de l’histoire vraie de Garrard Conley, dont vous voudrez probablement lire l’autobiographie («Boy erased : a memoir», 2016) après avoir vu ce film.
Pour rappel, les thérapies de conversion ne sont interdites en France que depuis début 2022. De plus, ce film LGBT se conclut sur un chiffre qui interpelle : «au moins 700 000 américains et américaines ont déjà subi une thérapie de conversion».
Alors, avez-vous trouvé votre bonheur parmi notre liste de suggestions de films ? Quel est votre film LGBT+ favoris ?
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