Le mois des fiertés, c’est aussi le premier mois des vacances d’été pour certain°es. La dolce vita, la farniente, ce moment propice à la lecture où certain°es s’attaquent à leur « Pile À Lire » (la si redoutée PAL des bibliophiles) et d’autres flânent en librairie, en quête de leur prochaine lecture. Pour ces derniè°res, nous avons concocté une liste de bandes dessinées queer à lire et à relire !
Albums franco-belges, romans graphiques, petites pépites de maisons d’édition indépendantes ou gros succès en librairie, voici un panel qui saura ravir les curieux°ses tout comme les plus exigeant°es. Pour ce qui est de la diversité des thèmes, les histoires queers auxquelles vous risquez fort de vous attacher se déroulent aussi bien dans des cadres Fantasy que réalistes, historiques comme oniriques, autobiographiques comme fictionnels. Un faible pour les années 1920 ? Le Jardin et Rivages Lointains sont faits pour vous. Une préférence pour les histoires de dragons et d’épées ? Le Puits et Géante, histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté sauront vous séduire !
Transidentité, non-binarité, amours lesbiennes, personnages gays, polyA sont abordés dans ces récits parmi mille autres sujets tels que le décolonialisme, le féminisme, le travail du sexe, etc… Quel que soit votre âge, votre identité, votre orientation, votre vécu, il existe une BD pour vous, rien que pour vous.
Il ne nous reste qu’à vous souhaiter une bonne lecture !
La Montagne entre nous – Marcel Shorjian et Jeanne Sterkers
Pourquoi faut-il le lire ?
- La Montagne entre nous narre une histoire d’amour entre lesbiennes âgées.
- Les thèmes du deuil, de l’homophobie et du coming out tardif sont abordés.
- L’ouvrage soulève les enjeux qu’implique le fait de vivre une orientation sexuelle non hétéronormée en milieu rural.
Après quarante ans d’absence, Marcia revient dans son village natal pour s’occuper de sa mère atteinte de démence sénile. Elle revient aussi sur invitation de son amie et amour d’enfance, Florence, à l’enterrement du mari de cette dernière. Désormais soixantenaires, les deux femmes autrefois inséparables réapprennent à s’apprivoiser après ces longues années de silence et leurs trajectoires de vie diamétralement opposées. Petit à petit, leur connivence va leur permettre de recoller les morceaux et d’enfin découvrir ce qui s’est réellement passé, ce soir fatidique où Marcia a disparu dans la nuit, quarante ans plus tôt.
Le Jardin – Gaëlle Genillier
Pourquoi faut-il le lire ?
- L’intrigue se déroule dans un cabaret des années 1920 dont les décors délicats et fleuris vont séduire les amateur°ices d’Art Nouveau et d’Art Déco.
- Le jeune Rose grandit au sein d’une communauté de danseuses exotiques aux caractères bien trempés.
- Questionnement de genre, jeu avec les codes vestimentaires, joutes verbales rondement menées : la narration est fluide et agréable.
Jeune homme au prénom de fleur, Rose grandit au sein du Jardin, un somptueux cabaret tenu par sa mère Muguet. Exclusivement élevé par des femmes et parmi des femmes, Rose est une jeune personne qui se questionne sur son identité de genre et se cherche au travers de ses premières performances dansées et chantées. À mesure qu’il apprivoise la scène, pas à pas, Rose se fait un admirateur, Aimé, qui ne manque plus aucune de ses représentations. À force d’entêtement et d’une charmante persévérance, Aimé va parvenir à se faire remarquer de Rose qui, intriguée par ce premier soupirant, va commencer à sortir peu à peu du vase clos et sécurisant du Jardin.
Rivages Lointains – Anaïs Flogny
Pourquoi faut-il le lire ?
- Il s’agit d’un drame en trois temps, des débuts à la fin de la politique de Prohibition aux USA
- Rivages Lointains, c’est LE « Doomed yaoi » à lire pour se faire du mal
- Triangle amoureux gay et histoires de cartel, la BD suit l’ascension sociale d’un jeune immigré italien : Jules.
- Nota Bene : Le tome 2 est en route !
Immigré italien et homme à tout faire, le jeune Jules croise un jour la trajectoire d’Adam Czar, tête de la mafia de Chicago. Charmé par la fougue du jeune homme, le truand l’engage et le charge de collecter la part des revenus des commerçants que s’arroge la mafia en échange de sa protection contre les gangs rivaux. À mesure que Jules et Adam apprennent à se connaître, l’échange professionnel se meut rapidement en maëlstrom passionnel et dangereux. Mais lorsque les rôles s’inversent et que Jules monte en grade tandis qu’Adam voit son influence s’amenuiser, le doute et la méfiance vont venir s’immiscer dans leur histoire déjà tempétueuse.
Le Puits – Félicia Choo et Jacob Wyatt
Pourquoi faut-il le lire ?
- L’Héroic-Fantasy est un espace fictionnel qui gagne toujours à être réinvesti par les personnes queers.
- Une romance lesbienne pleine de douceur et de bienveillance.
- Des personnages féminins avec du caractère !
- Un world-building ingénieux et des créatures magiques fascinantes
Lizzy, fille d’une puissante magicienne, vit avec son grand-père berger depuis la mort de ses deux parents lors de leur affrontement avec le terrible Léviathan. Le monstre mythique ayant fracassé le continent, Lizzy navigue entre les archipels pour rejoindre la ville et faire son commerce. Or cette ville abrite un puits où gisent les vœux de chaque personne y ayant jeté une pièce. Manquant d’argent pour le retour, Lizzy en vole trois pièces qui l’enchaînent alors à la volonté de l’esprit du puits. Obligé de réaliser les trois voeux qu’elle a volés si elle ne veut pas mourir, la jeune femme va devoir surmonter des défis plus périlleux les uns que les autres. Mais dans sa quête, elle pourra compter sur Ferdinand, drôle de bouc auquel il manque une corne, Ah-Gong son grand-père plein de sagesse, et sa tendre amie Eli pour qui elle nourrit des sentiments.
Géante, Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté – Jean-Christophe Deveney et Nuria Tamarit
Pourquoi faut-il le lire ?
- Représentation saine du polyamour !
- Une femme badass, puissante et intelligente pour personnage principal.
- Un récit d’aventure dynamique qui cherche à déconstruire la violence patriarcale
Découverte dans les bois lorsqu’elle était bébé, Céleste faisait déjà la taille des arbres alentour. En grandissant au sein de sa famille adoptée, elle finit par se sentir à l’étroit, aussi bien physiquement que moralement. Décidée à parcourir le monde, la jeune géante quitte ses parents et six frères adoptifs pour aller à la rencontre de son destin. Rois, chevaliers, saltimbanques, sororités, sorcières, le voyage de Céleste va la mener à rencontrer de multiples personnages hauts en couleurs. Amour, haine, mépris, peur, fascination, émerveillement, foi, la géante concentre des réactions aussi diverses que viscérales, sorte de point d’attraction pour les âmes en peine et autres poètes. Libre et farouche, elle n’hésite pas à lutter contre les injustices et à faire face aux normes qu’elles soient sociales,
René.e aux Bois Dormants – Elene Usdin
Pourquoi faut-il le lire ?
- C’est l’occasion de découvrir l’identité de genre Two-Spirit héritée des peuples natifs (Cf notre post Two Spirit)
- Une inventivité picturale et une intrigue qui sèment confusion et fascination chez la°e lecteur°ice.
- Un récit intersectionnel essentiel, à la croisée des identités queer et racisée.
Oeuvre pour le moins surprenante aussi bien dans le fond que dans la forme, René.e aux Bois Dormants narre le cheminement du petit René, un enfant des Premières Nations, à la recherche de son doudou : lapin Sucre-doux. Sorte d’errance qui emprunte au merveilleux d’Alice au Pays des Merveilles, l’épopée de l’enfant va permettre petit à petit de faire le jour sur ses propres racines, son identité de genre et ses origines ethniques dont il a été coupé très jeune. Tour à tour René, Renée et René.e, l’enfant rencontre au cours de ses pérégrinations d’étranges entités issues de la mythologie native jusqu’à faire la connaissance de Judith, sa propre fille venue le rejoindre en rêve. À travers le temps et les rêves, ces deux êtres en quête de leurs origines vont découvrir de bien noirs secrets et parvenir à trouver leur fragile petit équilibre au moment décisif.
Marie, récit d’une GPA – Marie Jaffredo et Théa Rojzman
Pourquoi faut-il le lire ?
- Le récit par excellence pour déconstruire les clichés sur la GPA
- C’est une histoire vraie, racontée comme un témoignage romancé
- La BD permet de comprendre comment fonctionne réellement une GPA (temps, effort, prise de contact, éthique, entente humaine, investissement émotionnel, risques, coût,…)
Couple soudé depuis des années, Thomas et François-Xavier se lancent dans l’aventure de la parentalité en dépit des multiples obstacles en travers de leur chemin. Décidés à avoir recours à la GPA (Gestation Pour Autrui), le couple décide de mener sa démarche aux États-Unis, pays où cette pratique est légale. Entre trouver une donneuse de gamètes, être choisi par une mère porteuse, assumer les déplacements outre-mers, affronter la charge administrative monstrueuse et les dépenses pharaoniques, François-Xavier et Thomas ne reculent devant rien. S’il suffit d’une nuit de sexe pour concevoir un enfant lorsqu’on est hétéro, Thomas et François-Xavier se seront battus trois ans pour que leur petite Marie vienne au monde.
Saturnia – Alberto Martin Curto
Pourquoi faut-il le lire ?
- Découvrir Madrid entre-deux-guerre et le puritanisme de l’époque.
- Saturnia narre la rencontre entre une fille-mère avec deux enfants cachées et un artiste de cabaret adepte du travestissement.
- Il s’agit d’une critique du carcan moral, religieux et misogyne de l’Espagne traditionaliste.
Nées hors mariage, Agueda et Rosita sont obligées de vivre cachée dans l’appartement de leur grand-mère où a élu domicile leur mère Inès après avoir été reniée par sa famille. Leur quotidien de solitude va changer le soir où Inès ramène une étrange créature de la nuit. Les yeux pleins de curiosité, les fillettes rencontrent Clavel, un adepte du travestissement et artiste de cabaret qu’Inès a trouvé dans la rue après un passage à tabac homophobe. Mais la poésie et les couleurs des jupons virevoltants de Clavel parviendront-elles à repousser les ténèbres du tabou et des non-dits qui étouffent la fragile famille ?
Sylvia, Shakespeare and Co – Emilia Cinzia Perri et Silvia Vanni
Pourquoi faut-il le lire ?
- Découvrir Sylvia, cette figure de l’ombre sans qui l’une des plus grandes oeuvres de la littérature irlandaise (Ulysse) n’aurait pas paru
- La BD donne de la visibilité à la romance lesbienne de Sylvia et Adrienne Monier.
- L’occasion d’en apprendre plus sur le monde littéraire parisien qui a gravité dans le quartier latin de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle
- Fun fact : on apprend notamment que l’actuel Shakespeare and Co est en réalité un hommage à la véritable librairie, disparue après la Seconde Guerre mondiale. L’actuel Shakespeare and Co a été fondé par le poète Walt Whitman (lui-même gay) et s’appelait Le Mistral autrefois.
Véritable figure oubliée de l’histoire littéraire, Sylvia Beach fut la fondatrice et tenancière de la célèbre enseigne Shakespeare & Co qui n’existe plus aujourd’hui mais à laquelle la nouvelle librairie située 37 rue de la Bûcherie rend hommage en portant le même nom. Amante et compagne de vie d’Adrienne Monier, propriétaire de La Maison des amis du livre, Sylvia a connu nombre de grands esprits de son temps. Gertrude Stein, Natalie Barney, Ernest Hemingway, André Gide, Louis Aragon, Paul Valéry, telles sont les prestigieuses fréquentations de Sylvia et Adrienne dont l’ouvrage retrace les vies.
Humaine – Joanna Folivéli
Pourquoi faut-il le lire ?
- C’est un récit autobiographique, qui offre un témoignage plein de poésie et de musicalité
- Humaine est un récit de vie puissant sur la transidentité et une ôde à la résilience
- C’est l’occasion de découvrir les somptueuses aquarelles de Joanna Folivéli
« Je vais avoir trente ans cette année et je ne pensais pas vivre jusque-là. Plus important : je ne pensais pas que je désirerais vieillir ». En ces termes, Joanna Folivéli résume la résilience profondément enracinée en elle depuis qu’elle a débuté sa transition. Après son premier ouvrage poétique, Devenir, l’autrice revient sur son parcours, sur la violence comme sur la beauté de ce qu’elle a vécu pour enfin se sentir Humaine. Suite de somptueuses aquarelles ponctuées d’un texte aussi percutant que mélodieux, Humaine est le long poème coloré d’une renaissance bienveillante, fougueuse et militante.
Tu veux découvrir d’autres bandes dessinées queer ? Jette un œil à notre autre article sur le sujet !
