Quand on s’intéresse à l’Histoire et en particulier à la Seconde Guerre mondiale, un élément revient rapidement, l’absence de personnes LGBT+. Dans les manuels d’Histoires, les résistants et héros sont exclusivement des hommes hétérosexuels blanc. On le dit souvent, l’Histoire est écrite par les vainqueurs, mais ce qu’on ne dit jamais c’est qu’elle est également écrite par les hétérosexuels. Les résistants LGBT ont été bien présents et ont eux aussi marqué l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Leur appartenance à la communauté LGBT+ a été invisibilisée par les historiens, les médias ou même les politiques, comme si une personne queer ne pouvait marquer l’histoire ou être héroïque.
Cela a été le cas pour l’hommage national rendu au résistant Daniel Cordier en 2020, où son homosexualité a été passée sous silence dans les discours et médias alors qu’il était ouvertement homosexuel. Alors que oui, cela a une importance historique et pas seulement communautaire. Peut-on dissocier son orientation sexuelle de son engagement alors que le pays est ouvertement homophobe et qu’on risque d’être arrêté et déporté à cause de celle-ci ? Non.
Dans cet article, vous allez découvrir 6 résistants LGBT qui ont marqué l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Les résistants LGBT de la Seconde Guerre mondiale :
Daniel Cordier (1920-2020)
Daniel Cordier était un résistant français ouvertement homosexuel qui a joué un rôle important dans la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. Né en 1920 à Bordeaux, il rejoint la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale sous le nom de code Caracalla et devient le secrétaire de Jean Moulin.
Il a raconté sa jeunesse et son histoire dans ses mémoires “Alias Caracalla”, parues en 2009, où il y parle ouvertement de son homosexualité, qu’il avait dû dissimuler pendant la guerre, car « la haine à l’égard de l’homosexualité était terrible ».
Suzanne Leclézio (1898-1987) et Yvonne Ziegler (1902-1988)
Durant la Seconde Guerre mondiale, ce couple lesbien s’engage dans la résistance. Dans leur appartement parisien, Suzanne et Yvonne ont hébergé des résistants recherchés et ont sauvé plusieurs familles juives.
Elles seront dénoncées en juillet 1944 à la Gestapo qui les torture, les emprisonne, puis les déporte dans le dernier convoi de prisonniers politiques le 15 août 1944 au camp de Ravensbrück. Elles sont ensuite transférées dans plusieurs Kommandos où elles travaillent dans des conditions effroyables.Elles parviennent miraculeusement à s’évader lors des marches de la mort avant d’être libérées par l’armée soviétique.
De retour à Paris, elles continueront de vivre dans le 18e arrondissement avant de déménager en Normandie pour leur retraite.
Alan Turing (1912-1954)
Alan Turing était un mathématicien et cryptologue britannique ouvertement homosexuel. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il intègre les renseignements britanniques et réussit l’exploit de décrypter la machine Enigma, qui chiffre les communications des nazis. Son action a directement permis le débarquement de Normandie le 6 juin 1944. Les historiens estiment que ses travaux ont permis d’avancer de deux ans la fin de la Seconde Guerre mondiale sauvant ainsi un nombre incalculable de vies.
Après la guerre, une aventure avec un homme le conduit au tribunal. L’homosexualité étant interdite au Royaume-Uni, il est sommé de choisir entre la prison et la castration chimique. Il acceptera la castration chimique. Le 7 juin 1954 Alan Turing met fin à ses jours en croquant dans une pomme imbibée de cyanure suite aux effets de sa castration chimique et après deux ans d’humiliations par un pays qu’il a pourtant sauvé.
Josephine Baker (1906-1975)
Joséphine Baker était une artiste très célèbre de l’ère du jazz. Bisexuelle, elle est certainement la danseuse afro-américaine qui a le plus connu le succès en France. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Josephine Baker a occupé un rôle risqué d’agente de contre-espionnage dans les rangs des services secrets de la Résistance. Elle profitait des soirées mondaines et de ses tournées à l’étranger et pour recueillir des informations pour la Résistance. Elle dissimulait des rapports dans la doublure de ses robes et retranscrivait des plans à l’encre sympathique sur ses partitions.
Une bravoure qui lui vaudra, bien des années plus tard, la médaille de la Résistance française mais également la Croix de guerre et l’ordre de chevalier de la Légion d’honneur.
Jean Desbordes (1906-1944)
Jean Desbordes, est un écrivain de l’avant-guerre, ouvertement homosexuel, il a été le compagnon de Jean Cocteau pendant plus de 7 ans.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, il entre en résistance sous le pseudonyme de Duroc. Il dirige le Réseau Marine F2 qui surveillait les mouvements maritimes de la Manche. Les informations qu’il a transmises ont contribué au succès du débarquement des alliés en juin 1944 en Normandie. Il est malheureusement arrêté par la Gestapo et meurt sous la torture sans avoir parlé le 6 juillet 1944.
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