Wicked est sorti dans les salles françaises le 4 décembre dernier et on vous donne 6 bonnes raisons woke d’aller voir cette comédie musicale pop et politique.
C’est l’événement ciné de cette fin d’année : Wicked de Jon M.Chu est enfin arrivé dans les salles de cinéma françaises. L’adaptation de la comédie musicale culte de Broadway, qui est elle-même l’adaptation du livre de Gregory Maguire Wicked : La Véritable Histoire de la méchante sorcière de l’Ouest, nous replonge dans l’univers du Magicien d’Oz, des années avant que Dorothy ne foule la célèbre yellow brick road. On y découvre principalement la fabuleuse amitié entre Glinda et Elphaba avant que tout dérape. Et si vous avez l’impression qu’il manque une partie de l’histoire, c’est normal, puisque Wicked est divisé en 2 films. La partie 1 est un préquel du Magicien d’Oz tandis que la partie 2 – attendue pour le 26 novembre 2025 – se déroule en parallèle des aventures de Dorothy.
Wicked c’est 100% inclusif
Le casting de cette version ciné de Wicked est très très queer et ce n’est évidemment pas pour nous déplaire. Cynthia Erivo, Jonathan Bailey, Bowen Yang, Bronwyn James, Marissa Bode, sans oublier l’icône gay Ariana Grande, participent à fond de la queerness du film. Le casting est d’ailleurs tellement queer que le film vient d’être interdit au Koweit pour cette raison…
On note également que Marissa Bode est la première actrice en situation de handicap à jouer le rôle de Nessarose, la sœur d’Elphaba, et c’est une très bonne nouvelle. Ce n’est pas tous les jours qu’une actrice en fauteuil roulant est castée dans un tel blockbuster et on espère que cela est un pas vers une représentation plus juste. L’actrice a tout de même dû dénoncer les moqueries dont son personnage était la cible et a rappelé qu’en s’attaquant au handicap de Nessarose, les haters s’attaquent d’abord à elle.
Wicked c’est anti-fasciste
Derrière son aspect guimauve et pop, Wicked a un message politique très fort. Le Pays d’Oz n’est ni plus ni moins qu’une dictature fasciste qui exclut les plus vulnérables et impose un état de surveillance totale. Les animaux, doués de paroles et qui enseignent à la Shiz University, sont peu à peu privés de mots, interdits d’enseigner et mis dans des cages. Toute ressemblance avec la persécution des juifs lors de la Seconde Guerre mondiale n’est évidemment pas fortuite.
Pour réunir à nouveau un peuple divisé qui risque de se rebeller, rien de tel que de trouver un ennemi commun qui ne soit pas le dirigeant du pays. Et ça, le Magicien d’Oz l’a bien compris. Les animaux sont les premières cibles, puis Elphaba devient la grande méchante à abattre. Tout ça pour détourner l’attention sur l’incapacité du magicien à gouverner et sa terrible imposture. Il n’a pas de pouvoirs magiques comme il le prétend et il n’est qu’un médiocre homme blanc incompétent.
On voit bien à quel point les mesures fascistes se répandent comme une traînée de poudre sans que personne ne réagisse sauf… Elphaba. Bien que cette histoire ne date pas d’aujourd’hui, la résonance avec notre monde actuel est frappante à l’heure où l’extrême-droite est au pouvoir dans plusieurs pays du monde et a fait un score spectaculaire en France aux élections législatives ou aux États-Unis avec la réélection de Donald Trump.
Wicked c’est résolument camp
Par sa flamboyance, son extravagance et son ironie, Wicked est un objet cinématographique très camp. Le côté drama queen de Glinda et sa garde rapprochée mesquine qui lui obéit au doigt et à l’œil, fait écho à Mean Girls. On rit devant l’exagération de la drague entre Glinda et le prince Fiyero, les lâchers de cheveux maniérés ou le relooking avorté d’Elphaba. L’esthétique haute en couleur achève de confirmer le ton camp du film qui ne fait rien dans la demi-mesure et assume d’être parfois over the top, kitsch, naïf et théâtral.
Bonus : pour ajouter au camp, on adore le cameo de Kristin Chenoweth et Idina Menzel, les deux interprètes originales de Glinda et Elphaba sur les planches de Broadway, qui recréent la comédie musicale version cheap et se crêpent le chignon.
Le duo Glinda & Elphaba est so queer
Quand Glinda et Elphaba commencent à chanter “What is this feeling ?”, on se dit que ça y est, enfin, elles avouent leur crush l’une pour l’autre et qu’on assiste à une version alternative de Wicked. En réalité, pas vraiment, puisque la suite des paroles est claire : elles se détestent. Mais comme on le sait, entre la haine et l’amour, il n’y a parfois qu’un pas. Et cette haine se transforme vite en amitié très forte. Les deux futures sorcières deviennent inséparables. Elphaba ne peut se résoudre à aller à Emerald City sans sa nouvelle besta et Glinda contribue à la nouvelle popularité d’Elphaba. Ariana Grande a d’ailleurs dit elle-même que son personnage était un peu dans le placard et on veut bien le croire. Si on oublie un instant qu’on a envie de voir Glinda et Elphaba se mettre en couple – lobby LGBT quand tu nous tiens –, on retient évidemment cette très belle célébration de l’amitié féminine et l’alchimie incroyable entre Ariana Grande et Cynthia Erivo.
Wicked c’est une ode à la marginalité
Dans notre communauté, on sait ce que c’est de se réapproprier les insultes pour en faire une force et c’est exactement ce que fait Elphaba. Victime de racisme en raison de sa couleur de peau, harcelée, mal aimée par son père, elle reprend le pouvoir sur ses traumas et se déploie au fur et à mesure du film pour devenir la puissante sorcière que l’on connaît. Wicked nous dit qu’être à la marge est une force, qu’il faut célébrer ses différences et que c’est la société qui nous empêche d’être entièrement nous-mêmes en nous accusant d’être des déviants. Le film dénonce ainsi ouvertement le racisme et par extension toute forme de discrimination.
Wicked c’est une comédie musicale flamboyante
Last but not least, Wicked est une comédie musicale très réussie. Les numéros chantés et dansés sont tous très bien pensés mais c’est surtout les performances vocales des interprètes qui nous ont bluffés. On savait qu’Ariana Grande chantait très bien et elle nous le confirme une nouvelle fois, elle qui rêvait d’incarner Glinda depuis sa plus tendre enfance. La plus grande surprise est l’impressionnante prestation de Cynthia Erivo. Sa voix semblait être faite pour chanter les classiques de Wicked. Quand elle entonne “The Wizard and I” ou le célèbre hymne “Defying Gravity”, l’émotion est au rendez-vous et c’est nous qui ne touchons plus terre. Pour l’anecdote, les deux actrices ont préféré chanter en direct sur le plateau et non en studio. Encore plus bluffant !
De plus, les décors nous transportent directement dans l’univers d’Oz, que ce soit dans les salles de la Shiz University – on ne se remet pas de la bibliothèque – ou dans la sublime Emerald City. Wicked réussit à se démarquer de la majorité des blockbusters puisque le réalisateur et son équipe ont privilégié de véritables décors, diminuant ainsi l’utilisation de fonds verts. C’est un réel plaisir pour les yeux et on en redemande.